Le pas de l’homme blanc

Comme le dit notre jardinier paresseux national Larry Hodgson :

« Il n’y a pas de mauvaises herbes, elles ne poussent tout simplement pas à la bonne place. »

Le plantain fait partie de ces mauvaises herbes, pourtant, rares sont les plantes qui réunissent autant de qualités utiles à l’homme.

Je vous invite à le découvrir et à le déguster, si vous y prenez goût peut-être déciderez-vous de faire comme Louis XIV qui le faisait cultiver dans le potager royal pour être sûr de ne jamais en manquer.

Le plantain deviendra vite un légume que vous apprécierez cru ou cuit pour accompagner les viandes et les poissons, et même votre canari se régalera de ses graines séchées.

Plantain

Une immigrante clandestine

Le plantain n’est pas une plante indigène du Québec, il s’est répandu en Amérique du Nord, il y a plus de deux siècles au rythme des pas des explorateurs européens dont les semelles recelaient ses graines.

Fins observateurs, les Amérindiens l’ont baptisé « le pas de l’homme blanc » et rapidement découvert les qualités de cette plante aux mille vertus.

Le plantain se contente de peu, il pousse dans n’importe quel sol même inculte pour les autres plantes, c’est pourquoi il prolifère dans les terrains vagues, dans les chemins de terre et dans tous les lieux mal entretenus ou pollués.

Le plus souvent on parle du grand plantain Plantago major, mais il en existe bien d’autres qui ont les mêmes vertus , entre autres:  le plantain lancéolé Plantago lanceolata appelé parfois : plantain des oiseaux ou herbe à cinq coutures ; le plantain moyen Plantago media appelé aussi : langue d’agneau.

Il ne faut pas confondre le gentil plantain avec l’abominable  herbe à puce (Rhus radicans), même si en France, il porte presque le même nom « herbe aux puces » en raison de ses nombreuses graines agglutinées autour de la tige qui, par leur forme, font penser à des petites puces.

 

Plante aux mille vertus

On l’utilisait autrefois pour soigner les morsures de vipère, certains prétendaient même que les belettes se roulaient dans le plantain avant de combattre ce serpent venimeux. Personnellement je préfère me rendre à l’hôpital pour me faire soigner d’une morsure de vipère, car elle peut être mortelle. Rassurez-vous il n’y a pas de vipères au Québec.

Par contre, la feuille de plantain frottée sur une piqûre de moustique est très efficace pour soulager la démangeaison. Le plantain serait également très utile pour soigner l’acné et les petites blessures.

Le plantain comme son cousin psyllium – que l’on trouve en pharmacie – est efficace pour lutter en douceur contre la constipation. En phytothérapie, on en extrait un excellent collyre (larmes artificielles) pour soulager les yeux irrités.

 

Un sirop revitalisant

Presser trois tasses de feuilles fraîches pour en extraire le jus, y ajouter une 1 tasse de miel, verser le tout dans une casserole et laisser frémir dix minutes.
Une fois refroidi, verser le sirop dans une bouteille et le conserver au frais. Très utile pour soigner une petite toux ou se remettre en forme après l’hiver.

 

Petits trucs de randonneur écolo !

Plantain leaves on knee outdoors

 

Une longue marche dans la nature est parfois éprouvante pour les pieds, avec une bonne semelle de feuilles fraîches de plantain dans le fond des chaussures le soulagement est garanti.

Quelques feuilles froissées, frottées sur une petite égratignure ou une piqûre d’insecte, permettront de soulager les malaises, le temps de rentrer à la maison pour se soigner.

 

Comment l’éliminer.

Le plantain est bénéfique, mais il a tendance à être un peu envahissant. Pour le contrôler, l’arrachage manuel est le seul remède écologiquement correct ; de toute façon la tondeuse est inefficace, car la lame passe en général au dessus des feuilles.

Contrairement au pissenlit, sa racine n’est pas très profonde, mais il est très cassant au collet, ce qui garantit sa survie dans bien des situations. Après une bonne séance de désherbage, on croit l’avoir éliminé, mais non, il se cache, bien en vie sous le gazon et, quelques jours plus tard … coucou le revoilà !

 

Cuisiner le plantain

La plupart du temps, on se contente d’en consommer les jeunes feuilles en salade, certes goûteuses et pleines de vitamines, mais d’autres utilisations sont aussi intéressantes.

Cuit, tous les apprêts des épinards lui conviennent ; de ses graines – récoltées par temps sec et séchées au four – on tire une excellente farine qui, ajoutée à la pâte à pain fournit un complément alimentaire très riche.

Les graines séchées peuvent aussi être utilisées comme condiment, à chacun sa perception : goût de noisette pour les uns, goût de champignon pour les autres.

Quand le plantain est un peu plus développé, il est préférable d’enlever les tiges en tenant chaque feuille entre le pouce et l’index, d’une main, et en tirant sur la tige de l’autre main afin d’enlever en même temps les nervures filandreuses de la feuille.

 

Un peu d’humour

Le plantain à la réputation de donner un mauvais goût au lait; c’est sûrement pour cette raison que nos gentilles vaches laitières le délaissent lorsqu’elles broutent. On ne badine pas avec la qualité chez les ruminants !

 

Salade sauvage printanière

Directement de la pelouse à votre assiette, une recette bonne pour le corps et l’esprit, car il faut commencer par apprendre à reconnaître les bonnes plantes, avec des livres ou en participant à des sorties organisées par des spécialistes des plantes sauvages comestibles.

Laver soigneusement et mélanger ensemble : des jeunes feuilles de marguerite et de menthe fraîche ; du mouron des oiseaux, des jeunes feuilles d’oseille sauvage, de pissenlit et de plantain. Arroser d’huile d’olive et de vinaigre balsamique, poivrer au moulin et parsemer de fleur de sel. Ajouter quelques fleurs pour la décoration.

 

Pour en savoir plus

Pour apprendre à identifier et à consommer les plantes sauvages, une visite s’impose chez Yvonne Lefort et Bernard Tremblay de l’Arôme des Bois.

Centre d’interprétation des plantes sauvages
Camp Mariste de Rawdon
450-834-3980
arome.des.bois@qc.aira.com

 

Je vous propose un filet de saumon aux jeunes pousses de plantain, cuisinées à la façon des épinards ; un accord qui sera parfait, s’il est arrosé d’un bon vin d’Alsace de type Sylvaner bien frais.

 

 

recette Saumon plantain

Filet de saumon du jardinier

4 personnes

Ingrédients

  • 4 tranches épaisses de filet saumon (ou de truite) avec la peau
  • 100 g de champignons blancs (ou de pleurotes)
  • 2 tasses de jeunes pousses de plantain
  • 100 g de fromage de chèvre frais
  • Sel et poivre du moulin au goût
  • Un petit bouquet de sauge fraîche
  • Huile d’olive en quantité suffisante

 

Préparation

Enlever les tiges et rincer les pousses de plantain et les blanchir 2 minutes dans de l’eau bouillante salée, les refroidir rapidement dans de l’eau glacée et les égoutter.

Couper le fromage en fines tranches.

Nettoyer et trancher les champignons en lamelles, les faire revenir dans de l’huile d’olive, les assaisonner et les réserver.

Faire chauffer de l’huile d’olive dans une poêle antiadhésive, y déposer les filets de saumon côté peau en bas et les laisser jusqu’à ce que la peau commence à dorer, les assaisonner et les déposer – toujours côté peau en bas – dans un plat allant au four légèrement huilé.

 

Montage

Recouvrir successivement chaque filet de feuilles de plantain, de champignons sautés et enfin de tranches de fromage de chèvre. Arroser d’un filet d’huile d’olive, poivrer au moulin et déposer une feuille de sauge en surface.

Cuire les pavés environ 10 minutes dans un four préchauffé à 375oF/185oC.

Le fromage doit être légèrement gratiné.

 

Service

Servir les filets sur une assiette bien chaude avec une tranche de citron et quelques asperges vertes.

Asperges vertes : les blanchir deux minutes dans de l’eau bouillante, les refroidir immédiatement dans de l’eau glacée et les égoutter. Au moment du service, les faire revenir rapidement dans du beurre ou de l’huile d’olive en les assaisonnant.

 

 

 

 

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